LE RITE DE MEMPHIS MISRAIM EN BELGIQUE : 1931 – 1940 (2)

Mar 13 Mar 2012, 17:51

CONVENT NATIONAL DU 29 OCTOBRE 1933

Six Loges, un Chapitre, introduction de la mixité, retrait de la charte de la loge n°1, voilà qui posait de nombreux problèmes et incita les responsables à convoquer un convent national. Ce qui fut fait à la date du 29 octobre 1933. Il se tint dans le temple de la R\L\ « Les Disciples de Pythagore » au Zénith de Bruxelles.

En ce qui concerne la rupture, elle fut le fait du Souverain Sanctuaire de France dont c’était le droit, et dirons-nous le devoir : une charte est accordée dans les limites d’un règlement obédientiel. La non-observation de celui-ci constitue une irrégularité : en l’espèce, la mixité en était une. Les Loges belges, y compris la mixte, sous l’autorité du F\ Rombauts, devaient donc prendre d’importantes décisions qui influenceraient leur avenir.

1) Elles devaient définir leur position après avoir constaté la rupture avec la France. En conséquence, elles décident de s’organiser en obédience autonome du Rite et jettent les bases de sa constitution. Sous l’autorité d’un seul Souverain Sanctuaire, il y aura deux obédiences : une de stricte observance (masculine) et une mixte. La première avait pour Grand maître le F\ Rombauts lui-même et la seconde, le F\ Platounoff.

Afin que tout soit historiquement clair, nous reprenons ci-dessous l’argumentation du F\ Georges Delaive, lorsque, trois ans plus tard, le S\G\M\ Constant Chevillon s’en prendra de nouveau aux Belges :

a) Grand maître pour la France et ses Dépendances, le T\Ill\ et T\Sub\F\ Chevillon n’est pas qualifié pour intervenir dans les problèmes belges.

b) Cette intervention aurait pu se justifier sous le S\G\M\ Bricaud avant qu’il annule la charte n°8 délivrée à la R\L\ « Les Disciples de Pythagore », Loge Mère belge. Les cinq Loges belges travaillaient en effet sous les auspices du Souverain Sanctuaire de France. Outre la Loge Mère (9), « Scientia vincere Tenebras » au Zénith de Liège, « Lumen » (10) au Zénith d’Anvers, « Thot » au Zénith de Bruxelles et « Isis » à ce même Zénith.

c) Le F\ Rombauts, revêtu régulièrement du 95^ème degré, avait le pouvoir de constituer un Souverain Sanctuaire en Belgique puisqu’aussi bien, il avait le pouvoir de conférer –sous sa responsabilité personnelle- tous les degrés jusqu’au 90^ème du Rite. Se référant aux « constitutions originales de Misraïm », il ajoutait : « Une réunion de FF\ du 90^ème forme un Souverain Sanctuaire, Grand Conseil Général. Ce Grand Conseil est organisé comme suit : lorsqu’un Grand Maître ad vitam, possédant la dignité de Grand Conservateur du Rite se trouve dans un Etat où il n’y a pas de Souverain Grand Conseil Général, il a de l’Ordre le pouvoir suprême d’en établir un. A cet effet il doit réunir avec lui deux Souverains Grands Maîtres et, dans le cas où il n’en trouverait pas, il en initiera deux des plus éclairés et, dès cet instant, il devient Suprême Grand Conservateur Général des 90^ème, Puissance Suprême de l’Ordre et la juridiction de tout autre Conseil cesse. »

Le Souverain Sanctuaire de France n’ayant pas pourvu à l’établissement d’un Sanctuaire en Belgique, ses pouvoirs, à cet effet, cessent dès qu’un Conseil y a été établi.

Et le S\G\M\ Delaive d’ajouter : « Le F\ Chevillon fait donc erreur en s’immiscant dans les affaires de l’obédience belge ». Ce dernier argument (sub c) nous apparaît néanmoins discutable dans la mesure où il se réfère aux Constitutions du Rite de Memphis-Misraïm, alors que le Rite (uni de Memphis-Misraïm était soumis aux Grandes Constitutions dites de Yarker. Ajoutée à la mixité, cette confusion juridique vient troubler l’irrégularité.

Les arguments sub a) et b) nous apparaissent au contraire comme étant très solides en ce qui concerne les rapports entre la Belgique et la France.

2) Elles constatent l’échange des garants d’amitié avec le Souverain Sanctuaire d’Argentine représenté par le F\ Troilo de Rosario.

3) Elles décident la constitution d’un Ordre Mixte Belge, les deux Obédiences travaillant provisoirement sous l’autorité du même Souverain Sanctuaire de Belgique présidé par le S\G\M\ Armand Rombauts.

4) Avec le représentant argentin, elles décident la création d’un Suprême Conseil International.

5) Elles décident de se constituer en Obédiences Autonomes Belges (Stricte Observance Mixte) sous les auspices du nouveau Suprême Conseil International.

6) Celui-ci reconnaît le Rite Mixte qui ne sera finalement pratiqué qu’en Belgique et en France.

7) Les deux Obédiences belges décident d’échanger des garants d’amitié.

8 ) Il est enfin décidé de réunir à Bruxelles un Convent International du Rite en vue de constituer un Suprême Conseil International définitif qui serait le régulateur moral des diverses obédiences nationales. En vue de son organisation, le F\ Jean Mallinger est nommé Grand Secrétaire provisoire, chargé des relations internationales.

LA VIE DU RITE

Dès le 27 décembre de la même année 1933, le Rite Mixte installe trois nouvelles Loges : « Osiris » et « Mithra » au Zénith de Bruxelles, et « Sphinx » au Zénith de Liège. Un Chapitre mixte est installé à Bruxelles sous le signe distinctif de « Héliopolis ». Le Temple de l’Ordre Mixte était situé au 82 de la Chaussée de Gand à Anderlecht (agglomération bruxelloise).

Le 21 février 1934, décède à Lyon le T\Sub\ et T\Ill\F\ Jean Bricaud, S\G\M\ du Rite pour la France et ses Dépendances. Le F\ Constand Chevillon assurera sa succession.

Au mois de mai de la même année, le T\Ill\F\Lagrèze vint en Belgique où il rendit visite au Souverain Sanctuaire National. Après enquête, il approuva les Constitutions de l’Obédience Belge de Memphis-Misraïm. Qui était le F\ Lagrèze ? D’où tenait-il ses pouvoirs ? Il était revêtu du 33^ème degré du Rite Ecossais Ancien et Accepté (Grand Collège des Rites de France). Le 9 septembre 1909, il est désigné comme Grand Maître pour le Souverain Sanctuaire de France par le T\Ill\F\ John Yarker, Grand Hiérophante du Rite de Memphis-Misraïm, successeur du T\Ill\F\ Oddi dans cette fonction (11). Selon Ambelain (12), le T\Ill\F\ John Yarker a délivré, au cours de cette même année 1909, une charte confirmant cette désignation, bien que Lagrèze n’y fut pas nommément désigné ; mais un Supérieur Inconnu (Martinisme), sous le nom initiatique de Mikaël G. Ventura (13) penche pour cette identification sans être aussi affirmatif qu’Ambelain : « E, infine, chi era Mikaël ? Se –come sembra- si tratta de Lagrèze » (si, comme il semble, il s’agit de Lagrèze\). Il ne fait aucun doute que le T\Ill\F\ Lagrèze a été accueilli en Belgique, qualitate sua : cette patente était admise et reconnue.

Ainsi donc était justifiée subjectivement l’intervention du F\Lagrèze en Belgique, d’autant qu’il y avait été invité.

Peu avant cette visite, en mars-avril 1934, le F\ Georges Delaive lance la revue « Osiris », organe officiel de l’Ordre co-maçonnique (de l’anglais co-masonry, pour désigner la maçonnerie mixte) Oriental du Rite de Memphis-Misraïm (14). En même temps, le F\ J. Mallinger fait paraître la revue « Adonhiram », organe de la Stricte Observance du Rite de Memphis-Misraïm (15).

En juin 1934, le Souverain Sanctuaire provisoire de Belgique confère le 95^ème degré au T\Ill\F\ Fructus de Marseille qui devient S\G\M\ de l’ordre Mixte de Memphis-Misraïm pour la France. Ce T\Ill\F\ jouera un certain rôle dans l’évolution de l’Ordre en Belgique au cours des deux années suivantes.